En pleine crise sanitaire, les masques de protection doivent être jetés après quelques heures d’utilisation. Des chercheurs du LRGP* font partie d’un groupe national réunissant scientifiques, médecins et industriels pour explorer différents scénarios permettant de les réutiliser sans risque de contamination. Entretien avec un de ses membres, Dominique Thomas, chercheur au LRGP.
Comment avez-vous rejoint le groupe d’étude du recyclage des masques chirurgicaux et FFP2 ?
Dominique Thomas : “Notre intégration à cette étude s’est faite via une action officielle menée au niveau national entre le CNRS, le CEA, la DGA et plusieurs autres directions nationales pour étudier la production et la réutilisation de masques chirurgicaux dont les personnels soignants ou intervenant auprès de malades ont cruellement besoin. L’objectif est de démontrer que des masques chirurgicaux ou FFP2 peuvent être ou non réutilisés en toute sécurité après un processus de traitement permettant de réduire la charge bactérienne et viral. P. Cinquin du CHU de Grenoble a réussi à fédérer autour de ce projet de nombreux acteurs industriels et institutions (CNRS – CEA – INSERM – des CHU – des Universités –IONISOS – AIR LIQUIDE – INGENICA – 2BINNOV – ANSES – DGA …).”
Quelle est votre expertise au sein de cette étude ?
Dominique Thomas : “Dans ce projet, l’équipe SAFE (Sécurité / Aérosol / Filtration/ Explosion) du LRGP* est plus particulièrement chargée d’étudier la dégradation ou non des performances en termes de respirabilité et d’efficacité de filtration des masques chirurgicaux après traitement. En conséquence, il nous a fallu modifier un banc initialement dédié à l’étude la filtration des nanoparticules, dans des conditions fortement dégradées en raison de la fermeture du site et trouver une solution pour la livraison des différents lots de masques à tester. Le protocole opératoire de test est quant à lui inspiré de la norme NF EN 14683 pour les masques à usage médical.
Un deuxième banc a également été développé en s’inspirant de la norme ISO 22609 afin de tester la résistance à la pénétration de sang synthétique que doit observer un certain type de masque chirurgical.”
Quelle piste est déjà explorée et quelle suite envisagez-vous ?
Dominique Thomas : “Les traitements actuellement mis en œuvre sont : le lavage (60 à 90°C), la chaleur sèche (70, 90, 110°C), la chaleur humide, l’oxyde d’éthylène, les irradiations gamma et beta. Cela n’exclut, bien évidemment, pas d’autres traitements qui pourront s’ajouter à ceux actuellement testés.”
* LRGP : laboratoire Réactions et Génie des Procédés